Juho a écrit:Félix, c'est pas vraiment la version light
Dans l'autre sens : j'avais lu que Félix était un peu plus brutal, comme polar, que Gil Jourdan. Que Gil Jourdan en avait été une version plus adoucie, sur demande...
A part ça, oui, je suis friand de vieux dialogues résolument non réalistes, soit dans la bédé ("sapristi, comment retrouvâtes-vous ma trace?"), dans les romans ("ah ça, commandant, il nous faut nous rendre à l'évidence : nous voilà à nouveau dans une sacrée situation !", s'exclama le géant roux qui aimait à ponctuer d'argot son français approximatif métissé d'écossais), ou dans les films ("jurons, compagnons, cornes de bique, car nous autres, dans la flibuste, n'avons que faire des règles de la bienséance, hahaha, saperlotte"), avec dans ces dernier cas, le phrasé aristocratique bien arrondi pour tout le monde, cow-boys, clochards, et vilains garçons (accents circonflexes obligâtoires). Mais il faut aussi souligner que chez Tintin, la censure (tardive) visait aussi des insultes à connotations racistes ("moricaud"), ce qui peut se défendre objectivement.
Je reste fasciné par la liberté de ton des svhtroumpfs, par contre. Peyo triche beaucoup, avec son langage, il n'en sert pour placer les pires horreurs, et ça passe comme une lettre à la poste.
"Un oeuf? D'où vient-il?
- Bin, du schtroumpf d'une poule."
ou
"Vite, donne-moi ta serviette !
- Mais, Grand Schrtoumpf, on va voir mon schtroumpf !"
J'adore ça. Dans une autre langue, la phrase serait formulée toute différement (Pirlouit dirait "mais je vais être tout nu !"), mais les schtroumpfs s'autorisent à parler vrai. Et pas seulement parler, d'ailleurs. Je connais pas de bédé qui ait autant -et avec autant d'acuité- attaqué le racisme de front, ainsi que les rapports hommes-femmes. Et là encore, c'est la pudique schtroumpfitude qui fait passer la pilule. Un exemple supplémentaire de liberté et impact accrus par la "censure", où l'indirect est plus direct que le direct ?
Quant à New-York, je n'y ai jamais mis les pieds. J'ai des amis qui en sont très amoureux, de son ambiance, de son quotidien, de sa convivialité. Donc, je prends le New-York "de" Tome comme une sorte de caricature littéraire (d'accord, la violence étasunienne est à une autre échelle que la nôtre, mais dans Soda, aucun passant ne survit jamais à une traversée de trottoir, je suis un peu sceptique). Mais oui, c'est une bonne série. A part le premier épisode, qui a failli me décourager du reste.
Marrant aussi comme le Soda se retrouve dans "Berceuse assassine". Même discours très spécifique sur New York Enfer du Crime, mêmes patins à roulettes...
