Bon, j'ai relu le livre en question...
Pour répondre à la première question sur ce sujet : ça ne vaut pas le coup de le lire, sauf si on veut connaître le point de vue de Pierre-Yves Bourdil sur l'oeuvre de Franquin.
Le concept est simple : il regarde l'oeuvre des premiers Spirou de Franquin jusqu'aux Idées Noires. Il utilise l'oeuvre de façon a démontrer que Franquin a vu l'évolution positive de la société décliner au fur et à mesure de l'avancée de son oeuvre. Seule cette idée est développée. De ce fait il utilise tout les arguments pouvant démontrer cette idée. Tout va dans ce sens. Tout ce qui pourrait aller contre ce point de vue n'est tout simplement pas du tout évoqué.
Il prend les Idées Noires comme la conclusion de cette détérioration. Et il s'arrête là. Je me pose une question : Et les Tifous dans tout ça ? Ils arrivent après les Idées Noires mais ne sont jamais mentionnés une seule fois dans cette étude pourtant parue en 1993...
Pierre-Yves Bourdil parle aussi de lui comme d'un intellectuel. Ce qu'il écrit sur les Idées Noires est même choquant. Lisez ceci par exemple :
"Si on se souvient que spirou se donnait des alliés chargés de le protéger des coups, assez longtemps pour qu'il ait le temps de réfléchir et de préparerune réaction intelligente, les Idées Noires se caractérisent par l'impuissance manifeste de quelque protection que ce soit. Nous évoluons littéralement dans la bêtise la plus totale dès lors qu'aucun recul n'est plus ermis entre une épreuve qui nous tombe dessus et le moment où nous trouvons comment limiter les effets. Nous rions des Iées Noires, avouons-le, mais moins franchement que nous l'aimerions.
Nous pas qu'il faille se montrer bégueule et sainte-nitouche - être intellectuel est déjà un défaut ssez rave ! - mais il ne convient pas de caricaturer sa nature outre mesure. N'est pas Céline ou Louis Guilloux qui veut. L'échec des Idées Noires tient à la limite de la bande dessinée lorsqu'elle se met à draguer le adultes comme tels. C'est cela qui nous embarasse à la fin, qui fait qu'on ne put s'empêcher de préférer le ton plus spontané des années 1950-1960, et qu'on a plus de tendresse pour le coq de l'oncle Symphorien que pour le chat fou de Gaston Lagaffe..."
Je reprends là ce qu'il a écris dans sa conclusion qui continue encore dans des termes complètement ringards. Il n'y a pas une seule idée d'intéressante dans tout cela. Pierre-Yves Bourdil doit, à mon avis, être un homme assez vieux n'ayant de la bande dessinée qu'un regard assez ancien complètement dépassé dans le monde d'aujourd'hui. La BD a évolué grâce à des gens comme André Franquin. Certe la BD des années 50 est belle, mais tous les arts évoluent naturellement en lien avec la société.
Dans ce livre il ne tient pas non plus du tout compte de l'âge de Franquin au moment de la parution de ses différentes oeuvres. Forcément un homme évolue avec l'âge. Quand à la conclusion, j'estime qu'elle doit se faire au moins après avoir évoqué les Tifous qui ont quand même une part non négligeable dans l'oeuvre de Franquin.
En conclusion : j'estime ce livre assez scandaleux (il s'est davantage attardé sur Zantafio que sur Fantasio par exemple). Le Marsupilami est considéré comme une forme de machine animale aussi évoluée que la Turbotraction... Etc...
Bref. Ce livre ne vaut pas grand chose. Je le trouve assez honteux vis-à-vis de Franquin. C'est un survol complètement orienté et pas du tout objectif pour démontrer l'idée que Franquin part d'un enthousiasme du modernisme d'après-guerre pour évoluer jusqu'à la dénonciation de la société moderne axée, notamment, sur l'argent.
Tout n'est pas faux, bien sûr, mais on peut trouver dès le début de l'oeuvre de Franquin une dénonciation de la société s'appuyant sur l'argent et la consommation. Par exemple dès "Spirou et la maison préfabriquée" la dernière case montre un représentant commercial baillonné venu chez Spirou pour vendre une maison préfabriquée...
Le thème choisi par Bourdil était orienté dès le début pour démontrer une conclusion déjà prévue dès le commencement de l'écriture de ce livre. De ce fait, c'est un livre à prendre à la légère, il a été écris pour remplir un contrat avec l'éditeur (a mon avis).
Concernant le style de l'écriture (d'un language très fouillé au début) il s'estompe petit à petit pour devenir beaucoup plus abordable sur la fin. Là encore, on note une chose bien connue : quand on est pressé, on écris forcément plus vite et de manière beaucoup moins fouillée. Je suis journaliste et je dois avouer remarquer cela du premier coup d'oeil
