Gaston et la narration...

[pedroiy]

Les textes narratifs ont été peu utilisés par Franquin... Que ce soit dans Gaston ou dans Spirou... Généralement ce procédé est utilisé par Franquin comme une voix-off venant d'un personnage... C'est notamment le cas dans le Nid des marsupilamis où la narration est faite par la voix de Seccotine...
Dans Gaston il y a quelques cas où Franquin a utilisé ce procédé, en dehors de textes précisant l'heure, la date ou le lieu ("Plus tard...", "l'après-midi...", etc...), l'image ou les personnages étant suffisamment expressifs pour planter le décor ou raconter l'action...

Il l'a toutefois utilisé dans les planches suivantes :

- 472 : " Freddy-les-doigts-de-fée et Cloclo l'acrobate sont des professionnels et quand ils partent pour un boulot, il savent où ils vont..." ...
A la visite, ce sera Freddy qui fera les commentaires...

- 489 : " Ce qui est arrivé ? ah ah ah ... il a voulu transporter en même temps son gaffophone et un sapin... mais... héhé
Il s'agit d'une vrai narration, mais comme si Prunelle ou un autre racontait une gaffe de Gaston...

- 571 : "Oh !Il n'y a pas que les gaffes de grande dimension ! Avec Gaston, le pépin quotidien nous est garanti... Il y a ...
Comme la précédente, il s'agit d'une voix off d'un personnage... Ce n'est plus Franquin qui raconte, mais Prunelle ou Lebrac ...

- 573 - " Le matin, ils s'en vont au bureau la tête pleine de soucis, à la main des tas de dossiers, de plans de comptes....
Situation différente, une vrai narration qui introduit un décalage entre le sérieux de ce début de planche et la fin dérisoire et décalée...

- 579 - " Si si malgré le courrier en retard il s'était débrouillé pour partir en vacances...
Ce commentaire ne peut que venir de Prunelle ou Fantasio... du fait de la référence au courrier en retard...

- 643 - C'est Prunelle qui commence à parler et son discours est inséré en texte narratif dans les planches suivantes ce qui prouve bien que cette narration est interne aux personnages de la série...

- 646 - le narrateur n'est plus Prunelle car dans cette planche où Gaston installe une boîte à lettre aspirante, est en dehors du cadre de la rédaction...

- 665 - dans cette planche (celle où Gaston invente un véhicule à s'aggripper derrière les autres voitures) on peut supposer que c'est Franquin le narrateur bien que Prunelle soit le témoin de Gaston dans la première vignette..

- 675 - Dans cette planche, sur les exploits oniriques et sportifs de Gaston, la voix off narrative est celle d'un commentateur sportif rêvé par Gaston....

- 687 - retour à la narration des gaffes de Gaston par Lebrac en voix off narrative.. (et Gaston aussi pour les premières cases)

- 698 - Prunelle raconte un désastre de Gaston

- 771 - Narration faite par l'auteur car Gaston qui part camper est en dehors du cadre de la rédaction...

- 826 - " C'est vrai, on a oublié de vous raconter celle-ci, c'était cet hiver... Là encore Prunelle est le témoin de Gaston, et donc de la gaffe qu'il raconte... ou plutôt laisse raconter par Franquin...

Voilà c'est à peu près tout l'inventaire des textes narratifs que j'ai pu constater dans les planches de Gaston... Bon, d'accord ça ne sert pas à grand chose de dresser cette liste, mais ... Dans la plupart des cas, Franquin aurait très bien pu se passer de ces textes... raconter différemment... Pourquoi faire comme ça ? Pour casser le rythme de ses gags en une planche ???


Pour retrouver rapidement les planches dans vos albums, vous pouvez utiliser mon index : http://lagaffemegate.free.fr/journalspirou/chrono/chrono.htm

[Pacôme]

Très intéressant ton exposé sur les narratifs chez Franquin
Merci pour le relevé exhaustif de ces narratifs

C'est vrai que par rapport à un Jacobs qui usait du narratif à l'extrème, Franquin ne l'a pas fort utilisé

Je préfère les histoires sans narratifs car on se trouve directement dans l'histoire au contraire des histoires "commentées" par le dessinateur qui nous mettent un peu à l'écart en position de spectateur

[Gaffophone]

Je préfère les histoires sans narratifs car on se trouve directement dans l'histoire au contraire des histoires "commentées" par le dessinateur qui nous mettent un peu à l'écart en position de spectateur

En ce qui me concerne ça dépend de l'histoire et surtout de son cadre. Je veux dire par là qu'étant un amateur de romans de SF, j'aime assez les BD sur ce thème et qui contiennent beaucoup de narration: ça regroupe mes 2 plaisirs.

Sinon de toute façon pour des gags (comme ceux de Gaston) il est toujours moins courant d'utiliser la narration que pour des histoires sur un album.

[Kissifrott]

Moi je dirais que la narration prépare l'effet comique du gag par son ton vaguement sérieux qui ne va pas cadrer avec la suite de la planche, et donc multiplier l'humour de la chute.
D'accord, pas d'accord ?

[Vincent]

La mécanique d'un gag raconté sur une planche (ou moins) se doit d'être ultra dynamique , très rapide , et fluide . A plus le rythme est ralenti par une surabondance de textes déscriptifs (voix off) et , parfois , redondants , à moins le gag est efficace . C'est une règle que Franquin maitrisait à la merveille.