Voici la suite et fin de ce texte
Le maire de Champignac, à l'attitude pharisienne et au radotage permanent, après avoir fait auparavant des apparitions furtives dans des histoires courtes, fit dans "Qui arrêtera Cyanure" une prestation (oratoire) beaucoup plus importante. Dans cette histoire, Spirou et Fantasio ont affaire à une dévastatrice copie de Marylin Monroe qui joue au Terminator provincial. Dans "L'horloger de la comète", nos amis font, grâce à une invention d'un neveu du compte de Champignac, un voyage temporel qui les mène au 16ème siècle dans une Amérique du sud occupée par les conquistadors espagnols. L'introduction par Tome & Janry, en tant qu'ersatz du Marsupilami, du cochon renifleur mal luné et flegmatique Snouffelaire, de couleur lila et à la trompe aspirante démesurée avalant tout et n'importe quoi fut abandonnée après quelques épisodes. Les deux auteurs révélèrent de plus en plus les qualités comiques de l'écureuil Spip le fidèle et tranquille compagnon de Spirou qui acquit au fil du temps une vie propre que l'on développa de plus en plus. On donna de plus en plus un aspect humain aux animaux, plantes et objets afin qu'ils puissent participer en tant que véritables protagonistes aux situations grotesques et absurdes de la série. Un sommet provisoire fut atteint dans ce développement dans "La vallée des bannis" : dans une vallée perdue en Himalaya, Spirou du lutter d'une part contre un monde animal et végétal absurdo-comique et hostile qui aurait bien pu provenir d'un dessin animé de Tex Avery et d'autre part contre un Fantasio qui a perdu l'esprit. Tout comme on inventa un descendant au comte de Champignac, on fit de même pour Zorglub, mais qui contrairement au comportement dangereux de son ancêtre chez Franquin, était ici peu nuisible et en conséquence plus responsable de pannes et de gamelles dans l'épisode "Le réveil du Z".
Dans "Spirou à New-York", Spirou et Fantasio atterrissent en plein guerre de gangs entre la Mafia et une des triades chinoises en lutte pour acquérir le monopole des ventes et recettes du crime organisé dans la ville. L'album est un parfait exemple d'une interaction harmonieuse de gags structurés et d'actions rondement menées, avec des gags visuels, des comiques de situations, des actions, … le tout mené tambour battant et que le lecteur peut suivre de manière passionnante tout en sachant garder le fil de l'histoire car le tout est imbriqué de manière subtile. Avec l'introduction du dangereux et perfide mais malgré tout tragi-comique boss de Mafia Don Cortizone (Vito Nervio), Tome & Janry offrirent à Spirou et Fantasio un de leur plus digne adversaire. Dans "Vito la déveine", ce dernier leur fit vivre un véritable enfer lors de leur vacances maritimes. On retrouve également une avalanche de gag dans "Spirou à Moscou" dans lequel sévit le cousin de Fantasio qui en tant que leader de la Mafia russe à fait enlever le cadavre de Lenine de son mausolée du Kremlin. La dernière contribution en date de Tome & Janry est "Le rayon noir" dans lequel le comte de Champignac découvrant un rayon changeant la peau des personnes en noir, ravage le petit village idyllique de Champignac. Don Cortizone prend également part à cette aventure.
L'album "La jeunesse de Spirou" paru en 1987 fut le point de départ d'une série au grand succès commercial et qui permit au "Petit Spirou" de remporter en 1992 l'Alph' Art de l'humour à Angoulème. Pour cette série, Tome & Janry furent secondé par Bruno Gazzotti. "Le petit Spirou" apparu entre-temps dans des millions de magazines télés, entre autres le magazine allemand TV Movie et le français Téléstar. Ensemble avec le coloriste Stéphane de Beckers, ils créèrent un studio responsable de la production d'aventures du petit forban. Si la plus grande partie de leur énergie était investie dans les séries "Spirou" et "Le petit Spirou", Tome trouva ainsi le temps et le loisir de travailler en tant que scénariste sur d'autres projets-
Tome sans Janry
En plus de la réalisation d'un scénario pour l'album de Philippe Berthet "Sur la route de Selma", la série Soda également publiée dans Spirou reteint toute son énergie et attention. Sur le thème déjà bien éculé du genre policier et détective, il réussi à insuffler quelques aspects intéressants comme le fait de mettre au côté de son héros, le lieutenant de police new-yorkais Soda, une mère soucieuse qui est convaincue que son fils est révérend, ce qui conduit à des situations comiques amusantes. Le dessinateur original de la série Luc Warnant quitta la série après les dix premières pages du troisième album, car son style graphique ne répondait pas aux exigences de réalisme des scénarios de Tome. De plus Warnant tomba au début de la réalisation du troisième album "Tu ne buteras point" dans une profonde dépression qui le rendit inapte au travail. Ainsi on demanda à Bruno Gazzotti de dessiner la suite de la série. Gazzotti avait été auparavant engagé par Janry pour l'aider dans sa surcharge de travail due au fait qu'en plus des deux albums de "Spirou" à livrer par an, il devait également réaliser les planches du "petit Spirou". Car la maison d'édition Dupuis flaira le jackpot financier et Tome & Janry également. En plus d'un honoraire fixe par planche réalisée, ils commencèrent à toucher entre-temps un pourcentage sur le produit de la vente de la série, qui se montait à exactement un pour cent pour Bruno Gazzotti et probablement beaucoup plus pour Tome & Janry.
Un projet supplémentaire fit son apparition à partir de 1987 dans le journal de Spirou, "Le gang Mazda" du dessinateur Christian Darasse. Le gang était composé des dessinateurs et auteurs Marc Michetz ("Kogaratsu"), Bernard Hislaire et Darasse dont on relatait leur quotidien dans des gags autobiographiques. La série n'avait rien à voir avec la marque de voiture japonaise contrairement à ce que le titre de la série pouvait laisser penser. Mazda est le nom de leur atelier commun. Darasse demanda l'aide de Tome sur la réalisation du premier album "Le Gang Mazda fait de la BéDé" car l' inspiration pour de nouvelles idées lui faisait défaut. Les autres albums de la série furent également scénarisés par Hislaire et Michetz. Comme Tome apprécia sa collaboration avec Darasse, les deux décidèrent en 1993 de publier dans le futur un livre décrivant dans le détail aux futurs nouveaux talents on fait donc de la BD.
Autrement pour Tome la devise reste toujours : "Dans l'ensemble je met pratiquement toute mon énergie dans "Spirou et Fantasio" et "Le petit Spirou".