Spirou one-shot 4 "Journal d'un ingénu"

Où l'on parle de nos deux compères et de leurs péripéties...

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Messagepar marcelinswitch » 21 Avr 2008 17:53

L'album ne sort que mercredi et déjà la chronique enthousiaste de Didier Pasamonik sur ActuaBD.
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Messagepar pedroiy » 22 Avr 2008 18:31

personnellement je n'ai encore rien vu de ce one-shot, mais j'ai acheté le dernier hebdomadaire où figure un récit en quelques planches qui m'a particulièrement impressionné par la qualité graphique (que j'adore) et de la narration... Je salive à l'avance de dévorer un album de Spirou fait par cet auteur... Bravo !
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Messagepar Yoda » 22 Avr 2008 18:38

Je vais aller me le chercher d'ici la fin de semaine ...
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Messagepar Gil Jourdan » 23 Avr 2008 1:38

Critique de Telerama :

Spirou fête ses 70 ans. Après le retrait de l'irremplaçable Franquin à la fin des années 1960, nombre de dessinateurs se sont relayés pour faire (sur)vivre le petit groom, avec plus ou moins de bonheur. Emile Bravo, lui, ne se contente pas de broder de nouvelles aventures : il réinvente le juvénile héros en apportant de subtiles réponses à de fondamentales questions qui le taraudaient quand il était enfant. Pourquoi Spirou est-il affublé de ce costume de groom ? D'où vient l'indéfectible amitié qui le lie à Fantasio ?

Dans un flash-back formidablement inventif, Bravo imagine, le temps d'une histoire à la fois limpide et astucieuse, le Spirou d'avant Spirou. C'est un orphelin bruxellois qui travaille comme groom au Moustic Hotel, pendant l'été 1939. Là, d'étranges complots se trament, où il est question de la guerre qui s'annonce. Il s'y trouve mêlé malgré lui, et un reporter très pot-de-colle nommé Fantasio n'arrangera rien à l'affaire... En dire plus serait éventer la magie de cette relecture très fine et très personnelle qui, pourtant, respecte, avec bonheur, et l'esprit et la lettre de la mythique série.

Maître conteur, véritable sismographe de l'esprit d'enfance, mais d'une enfance qu'il ne prend jamais à la légère, Emile Bravo jongle entre comédie et gravité, avec la même aisance funambule qui lui permet de distiller graphiquement une atmosphère d'époque sur un tempo très moderne. Cet album fera date : il marque la splendide renaissance (sans lendemain ?) d'un personnage qui s'impose, ici mieux que jamais, comme le seul rival sérieux de Tintin à ce jour
.

La plupart des critiques sont du meme avis. Ce one shot est une réussite. Certains parle meme de chef d'oeuvre.
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Messagepar marcelinswitch » 23 Avr 2008 11:19

Même constat dans un journal peu au fait de la bd en temps normal: "les Echos", journal économique qui consacre un article élogieux à l'album.

Je ne nie pas que l'album de Bravo soit bon, au contraire, mais il faut dire que sa sortie profite du 70e anniversaire du héros (et en plus le thème de l'album: le récit des origines est tout à fait de mise).
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Messagepar marcelinswitch » 24 Avr 2008 11:53

Je viens de finir la lecture de l'album et j'en sors tout "chamboulé"...

Cet album est magnifique, et novateur dans l'univers Spirou.
C'est ici le premier mélodrame de la série !

Courrez le lire ! Vous ne serez pas déçu !
Je posterai plus tard une critique plus approfondie.

ps: pour information la librairie BD Fugue (Lyon, Bordeaux, Nice, Lille, Annecy, Grenoble, Besançon) offre un ex-libris avec l'album:

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Messagepar Yoda » 24 Avr 2008 14:37

On en salive ...
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Messagepar romanticolor » 24 Avr 2008 16:58

Je viens de l'acheter, j'ai hâte de le lire ce soir !
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Messagepar Yoda » 24 Avr 2008 18:02

Demain pour moi ;)
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Messagepar marcelinswitch » 24 Avr 2008 21:32

Attention, ce qui suit révèlent des détails qui peuvent gêner certains pour une lecture vierge de l'album (et puis je vous préviens que c'est long).

Et voici ma critique:

Emile Bravo se pose dans cet album les questions des origines. Pourquoi ce nom de Spirou ? Pourquoi un groom ? Pourquoi des aventures "légères" ? Pourquoi un symbole national (à l'égal de Tintin), connaissant les questions préalables ?
A mon tour, je me pose la question: pourquoi "le journal d'un ingénu" est un excellent album (car c'en est un, le meilleur des one-shots sortis jusqu'à présent à mon sens), au delà du trait élégant qui fonctionne à merveille et du scénario astucieux et documenté de l'auteur.

Tout d'abord le choix de l'époque et de la démarche: ce que les Américains appellent un prequel, qui peut paraître audacieux au départ mais qui finalement est sans doute plus aisé que de s'attaquer à une partie plus visible (celle de Franquin) du patrimoine Spirou.
Quand Franquin reprend 8 ans après sa création le personnage du groom, il ne va cesser d'essayer de crédibiliser son univers (surtout à partir de 1950), déplorant souvent la fantaisie originelle de ses personnages. Il va finalement réussir indirectement dans son entreprise par la création de Gaston et de la rédaction Spirou.
Bravo se situe dans la même démarche de crédibilisation mais en s'attachant aux codes initiaux de la série.
Il réussit habilement le syncrétisme du Spirou de Rob-Vel, de Jijé et des débuts de Franquin (40's), sauf selon moi le personnage de Fantasio, mais j'y reviendrai plus tard.

La grande force de Bravo dans cet album, c'est d'avoir donner de la "consistance" à Spirou. C'est bien lui le héros ici, mais pas un Spirou "vide", avec son costume dans lequel chacun peut se glisser.
Franquin s'est toujours posé la question de l'animation de Spirou. En définitive, il n'a jamais su comment le "prendre" en main. Je le cite de mémoire : "D'accord, il est espiègle, il est vif... et après ?"
Dans l'album de Bravo, on voit un jeune adolescent évolué en quelques dizaine de pages, s'ouvrir au monde des adultes (amour, idéologie, politique, guerre, carriérisme...) et qui malgré tout doit faire des choix.

En fait, Spirou passe grâce à cet album du statut de symbole à celui d'humain.

Le deuxième point fort de l'album et qui va dans le sens de crédibilisation et de l'humanisation de Spirou, c'est l'attention porté à l'arrière-plan historique.
Certes, la période est riche mais pas facile à traiter. Ici Bravo réussit à tisser un arrière-plan riche, au niveau idéologique, historique et aussi patriotique (finalement c'est quoi être Belge ?) [hors-propos: quand je pense que le Gall affirmait que Spirou était français, ça me fait bien rire], sans pour autant que cela vienne alourdir le déroulement de l'histoire.
Cette précision du contexte de l'époque permet aussi d'affirmer le double discours de l'intrigue: d'une part on y voit l'évolution du personnage de Bravo, d'autre part l'auteur nous présente le "terreau" historique de la création de Spirou, de ce qui va devenir un héros et symbole national par l'entremise de l'expérience de ses "pères" (Rob-Vel, Jijé, Franquin mais aussi Doisy, les Dupuis et finalement même Tintin).
Car si Spirou est tel qu'on le connaît, c'est à cause d'eux mais aussi à cause de l'époque à laquelle ils ont vécu nous explique Bravo. J'y reviendrai plus précisément concernant Franquin.

Est-que Spirou peut tomber amoureux ? Oui répond l'album et de quelle manière! Premiers ébats et premières déceptions. C'est touchant sans tomber dans le pathos. Cet éveil aux sens (dans les 2 sens du terme) est l'atout principal de l'album.
Bravo sait faire, on le sent (il suffit de lire Jules). Chaque apparition de la jeune fille est un plaisir pour Spirou et le lecteur. Et on remercie l'auteur de révéler au final le nom de la soubrette à Spirou et au lecteur.
Car c'est bien elle qui forme avec Spirou le tandem de l'aventure.
C'est le 3e point fort de l'album.

J'en viens au compère habituel, Fantasio, relégué ici à un second rôle. On assiste à leur rencontre dans l'album et on ne peut pas dire que les 1ers contacts ne soient très chauds. Je trouve que le personnage n'est pas satisfaisant. C'est la limite du syncrétisme (dont je parlais plus haut) que Bravo opère sur l'univers des 1ers auteurs. Car Fantasio, entre sa naissance dans les pages du journal écrites par Doisy, sa prise en main graphique par Jijé et sa "stabilisation" franquinienne évolue trop pour que ce syncrétisme soit un succès, d'où le résultat un peu bancal.
On a clairement affaire ici à un zazou fini (jamais autant poussé à l'extrême dans les bandes de Jijé) mais qui par ailleurs est déjà journaliste au Moustique.
En fait ce Fantasio ne m'est pas sympathique, et c'est dommage pour un de mes personnages préférés de la série.

Venons-en aux "hommages" et autres références. Tintin est bien sûr encré dans ce récit, il revient "sur la table" à de nombreuses reprises. Je ne trouve pas que ça gêne à la lecture même si je comprends ceux pour qui ça lassent.
Mais pouvait-on éviter Tintin, dans une bd qui parle de la jeunesse d'avant guerre, qui traite de la guerre, qui parle de la Belgique et de Bruxelles, et qui sous-tend la construction d'un symbole national de papier ? Bravo confirme que Tintin et Spirou sont indissociables, bien au-delà le fait d'être les héros-titres de journaux de bd.

L'autre référence, plus précise me concernant, c'est celle faite à Franquin. Bien sûr, il y a aussi des référence à Rob-Vel (Entresol) ou à Jijé mais je perçois dans l'histoire et la démarche une référence plus forte à Franquin (déformation forumesque sans doute).
Outre les références factuelles (Fantasio travesti en vieille dame, von Zorglub), il y a un premier coup de coude avec la récupération (très judicieuse dans le contexte de guerre imminente) des ADS (Amis de Spirou). Créé par le communiste Doisy (tiens ?) qui bossait dans un journal catholique. Ads qui jouèrent leur rôle de résistance durant la guerre et qui furent porté à leur sommet bdesque lors de "Spirou sur le ring". Bravo réutilise P'tit Maurice et reproduit la caricature avec le petit José-Luis.

Franquin, finalement a fait comme Bravo, il a récupéré des personnages simples auquel il a dû donner de la consistance; il a cristallisé autour d'eux un univers qui se veut crédible et qui est devenu l'étalon de la série.
Bravo a repris cette démarche de Franquin, mais à rebours, en cristallisant ses personnages à partir des fondements de la série.

Enfin, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre Franquin et ce Spirou de Bravo. C'est ce dont je parlais plus haut, sur la démarche de Bravo, de présenter le "terreau" dans lequel ont vécu les pères du héros.
Franquin avait 15 ans en 1939 et je pense que le terme d'ingénu peut lui convenir parfaitement à cette époque. Comme Spirou dans l'album, et comme beaucoup de gens de sa génération, la guerre aura une incidence sur sa vie, sur sa vision des choses et sur son travail.
C'est en cela que le parallèle est troublant et c'est là que Bravo est très fort en parlant au 1er degré de la naissance d'un héros de papier et au second degré du sens que prendront les aventures de Spirou avec Franquin (mention explicite dans une dernière page assez maladroite malheureusement). "Pas de politique !" assène Spirou. Voilà la réponse à la question: Pourquoi des aventures légères ?
Sur ce point, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Bravo, qui pourtant utilise souvent les 2 plans, et qui dans son analyse s'arrête bizarrement à la forme que prennent les histoires de Franquin. J'en parlerai dans un autre post (je crois que mon texte commence à être indigeste).

Si la dernière page est assez maladroite pour "lancer" ceux que seront les aventures de Spirou et Fantasio, l'épilogue l'est aussi.
En fait, je n'ai toujours pas compris son utilité. Pied de nez final de Bravo ? ça dénote complètement par rapport au récit, c'est sans doute ce qu'a voulu faire Bravo mais je ne trouve pas l'idée pertinente. A contrario, il aurait mieux fallu d'inclure en prologue l'histoire courte parue dans Spirou et supprimer cette fin.
Voilà bien la seule faiblesse (avec le personnage de Fantasio) de cet album exquis qui reste un tour de maître.

ps: excusez pour la longueur, mais c'est à l'image de la richesse de l'album.
Dernière édition par marcelinswitch le 28 Avr 2008 17:29, édité 1 fois au total.
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Messagepar LaurentV » 24 Avr 2008 22:30

marcelinswitch a écrit:je crois que mon texte commence à être indigeste

Pas du tout : on en redemande.
Non, Fantasio n'est pas chauve !

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Messagepar Jab » 25 Avr 2008 21:53

Marcelinswitch je trouve ta critique des plus pertinente!!! :D
Je t'en félicite et j'adhère assez à ton point de vue! :ok:

Je viens tout juste de terminer l'album fraichement sorti chez mon libraire et je l'ai trouvé exquis! Je suis, comme Marcelinswitch tout chamboulé!!!

C'est vrai que la fin est un peu morne, presque "baclée" et que Fantasio est limite détestable dans son rôle dans cette histoire, mais ca ne gâche en rien pour moi l'ensemble.

Coté graphique je suis sous le charme du trait de Bravo, et j'adore les couleurs pastels qui donne le ton de l'époque!

Pour moi ce One Shot est un petit bijou!!!

Bravo Mr Bravo!!! ;)

Cordialement
Jab
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Mais si on danse?
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Messagepar Yoda » 26 Avr 2008 12:18

LaurentV a écrit:
marcelinswitch a écrit:je crois que mon texte commence à être indigeste

Pas du tout : on en redemande.


Non, pas indigeste, mais excellent, j'ai eu les memes réactions mais n'aurais pu mieux les exprimer, bravo ! ;)
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Messagepar Mr Coyote » 28 Avr 2008 21:17

Emile Bravo sera ce soir l'invité de 50° Nord ...

Émile Bravo – "Spirou, le journal d'un ingénu" (Dans la collection Une aventure de Spirou et Fantasio par..., éd. Dupuis). Auteur de bande dessinée et illustrateur français, proches de plusieurs auteurs importants de l'Association, Émile Bravo se démarque pourtant par un grand respect de la tradition et des canons de la BD d'aventure pour enfants, genre dont il est un des rares représentants et qu'il contribue à faire revivre.

Diffusions : RTBF sat à 23h45 (et demain à 13h25), RTBF La Une à 23h50.
Mr Coyote
 

Messagepar Vincent » 28 Avr 2008 23:52

Je viens de terminer la lecture de ce "Journal d'un ingénu". J'ai beaucoup, beaucoup aimé cet album. Ce petit chef d'oeuvre est dense, sensible, voir même parfois bouleversant. De plus, le dessin, la mise en couleur, sont à la hauteur du scénario.
Seul bémol: Fantasio. Comme d'autres lecteurs et acteurs de ce forum, je l'ai trouvé un peu antipathique et agaçant. Mais bon, c'est bien le seul reproche que je ferai au travail d'Emile Bravo. J'en redemande! Bravo Emile!
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